Nous parlons aujourd’hui d’une marque de snowboard et de paddle basée à Rolle. C’est une petite entreprise familiale de cinquième génération qui opère à l’échelle du monde.
Il s’agit de Nidecker, vous l’aurez deviné. La dernière marque de skis à avoir survécu en Suisse romande avec Authier. Il n’y a plus de skis aujourd’hui, mais Nidecker est toujours là. Et bien là. En Suisse, en Europe, en Russie, en Amérique, en Asie-Pacifique. Mais par quelles acrobaties il a fallu passer !
Alors remontons d’abord à Adam et Eve. L’entreprise Nidecker date en fait des années 1890. Un âge d’or économique. Il s’agissait déjà d’une entreprise de technologies. Elle produisait à l’époque des roues de charrette, des échelles métalliques ou encore des brouettes.
Nidecker s’est diversifié dans le ski juste avant la première guerre mondiale. Elle a en particulier fourni l’armée pendant des décennies. Sans jamais vraiment devenir une grande marque. Il y a aussi eu des skis de fond et des skis nautiques. Mais c’est dans les années 1980 que Nidecker a saisi la vague du snowboard. Et ça lui a fort bien réussi à l’international. Et puis dans les années 2000, les skis carvés ont un peu relégué le snowboard au second plan.
Mais les snowboards n’ont pas disparu pour autant. On en voit toujours sur les pistes.
Les sports d’hiver se développent dans des régions très éloignées des Alpes. En Asie-Pacifique en particulier. Le petit cercle des amateurs de snowboard s’est donc bien élargi.
La cinquième génération Nidecker, aujourd’hui, ce sont trois frères qui raisonnent et agissent d’ailleurs dans une autre dimension. Ils ont commencé par faire ce que beaucoup d’entreprises industrielles de taille intermédiaire ont fait lorsqu’elles se sont rendu compte qu’elles n’arrivaient plus à être très bonnes dans tous les domaines. Dans le marketing, la recherche et développement, la production, la vente, le service après vente. Elles ont sous-traité et délocalisé la fabrication en Asie, en Tunisie et même à Dubaï.
Alors que reste-t-il comme activités à Rolle ?
Une trentaine de personnes tout de même. Sur la centaine que compte l’entreprise. Les autres sont à Amsterdam et aux Etats-Unis.
A Amsterdam? On fait du snowboard là-bas ?…
Non, je ne crois pas… En fait, Nidecker aujourd’hui, ce sont aussi des paddles. Ces planches flottantes sur lesquelles on se tient debout avec une pagaye. Sur le Léman par exemple, mais aussi sur les vagues océaniques.
Le plus étonnant, c’est que l’entreprise ne cherche pas à imposer la marque Nidecker. Elle se développe beaucoup en créant ou en reprenant des marques locales. Ou très spécialisées. Souvent liées à un, ou plusieurs champions. Il y a neuf marques aujourd’hui : avec Yes, Jones, Now, Flow, Rome, Bataleon, Switchback et Lobster. Ça ne vous dit rien ? A moi non plus. Mais celles et ceux à qui ça parle, et bien ça parle très fort paraît-il. La direction a aussi précisé qu’il était possible que Nidecker revienne bientôt avec des skis. Grâce à une technologie très particulière. Ça crée forcément de certaines attentes.
https://www.radiolac.ch/podcasts/economie-avec-francois-schaller-10012019-071441/