C’est une exclusivité Radio Lac. La Cour des comptes à Genève nous dévoile ses coulisses.
La Cour des comptes, c’est depuis plus de 10 ans une grosse centaine de rapports d’audit redoutés par les institutions. Elle a de larges moyens d’enquêter sur la gestion des ressources financées directement ou indirectement par les fonds publics. Dernièrement, elle a été saisie d’une demande d’examen de sur l’attribution de la concession de l’entreprise d’assistance au sol émirati Dnata à l’Aéroport de Genève. Concession octroyée juste après le voyage controversé du conseiller d’Etat Pierre Maudet à Abu Dhabi en novembre 2015. La Cour des comptes doit déterminer si oui ou non, il y a eu conflit d’intérêt. Conflit d’intérêt qui plane également au-dessus de la tête des auditeurs. Les précisions de François Paychère, magistrat à la Cour des comptes :
L’étape du conflit d’intérêt intervient dans les entretiens préalables. C’est un moment clé pour la procédure d’audit. Trois magistrats décident collégialement s’il y a matière à ouvrir une enquête. Généralement, ce sont des lanceurs d’alerte qui dénoncent certains faits plus ou moins douteux à la Cour. Et si elle identifie de grands risques pour l’Etat, les magistrats peuvent alors se pencher sur une question par auto-saisine. Dernier exemple en date, le cas d’une surélévation d’un immeuble à Genève. François Paychère :
La phase d’audit
La phase d’audit se passe avec un magistrat, un directeur et deux collaborateurs. Ils analysent des documents, entendent des personnes durant des semaines. Un tel travail peut durer entre 250 et 1000 heures, de trois mois à une année. Une différence significative selon les dossiers. François Paychère :
La méthode évoquée par François Paychère est quasi-scientifique. Les magistrats répètent l’expérience sur chaque audit. La phase finale est la plus intéressante : les recommandations. Contrairement à la justice qui punit sur des faits passés, la Cour des comptes regarde vers l’avenir. Elle donne une impulsion positive pour le bien d’une institution. Mais ce n’est pas toujours évident. Il y a des rapports plus pénibles que d’autres. Par exemple, celui de la Fondation des immeubles pour les organisations internationales (FIPOI). Mal gérée, son directeur a été écarté alors que l’ancien président du Conseil d’Etat François Longchamp siégeait alors au Conseil de fondation. Heureusement pour la Cour, ce n’est pas son pain quotidien. Nikola Blagojevic, directeur de la Cour des comptes :
Notez encore que tous les rapports de la Cour des comptes sont publics.
@GhufranBron