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Aznavour, ambassadeur du forfait fiscal

La disparition de Charles Aznavour, c’est aussi la fin d’une longue histoire de forfait fiscal en Suisse. Son dernier domicile, c’était la commune de Saint-Sulpice.

Saint-Sulpice, c’est une commune résidentielle et un port de plaisance entre Lausanne et Morges. Aznavour y résidait depuis sept ans pour une raison assez touchante : son fils est l’un des chercheurs en neurologie de l’Ecole polytechnique fédérale (l’EPFL). Juste à côté. Et ce fils s’est apparemment beaucoup occupé de son père ces dernières années.

Sain-Sulpice, évidemment, c’est aussi un petit paradis fiscal. A côté de la ville de Lausanne, qui passe en comparaison pour un grand enfer. Aznavour bénéficiait d’un forfait à St-Sulpice, mais n’y résidait évidemment pas toute l’année. Il ne manquait d’ailleurs pas de mobilité pour ses 94 ans. En avril, on apprenait qu’il avait fait une chute avec fracture de l’humérus dans sa propriété du Sud de la France. Dans les hauts des Bouches-du-Rhône. C’est dans cette maison qu’il a rendu l’âme.

Mais Aznavour avait un domicile fiscal en Suisse bien avant Saint-Sulpice.

Saint-Sulpice, ce n’est qu’en 2011. Il avait 87 ans lorsqu’il s’est établi. Avant, ça a été d’abord la période Crans-Montana, dans le Valais. Aznavour s’y est exilé en 1972 Philippe ! Vous aviez 4 ans ! Il en avait 48. Il était au sommet de sa gloire. Dix ans après son triomphe au Carnegie Hall de New York. En 77, il se replie sur Genève : à Corsier d’abord, puis Cologny et Vandoeuvre. Il avait aussi tenté la Californie pendant quelques mois, mais sans conviction.  

Jusqu’à hier d’ailleurs, Aznavour devait être la plus ancienne star du showbiz établie en Suisse avec forfait fiscal. L’impôt de standing comme l’on disait à l’époque. Bien avant Tina Turner, tiens, qui n’a que 73 ans. Elle ne vit à Zurich que depuis 25 ans (elle a eût le temps d’apprendre l’allemand paraît-il).

Et comment Aznavour vivait-il son exil fiscal ? Il a dû en entendre souvent parler…

Exil est le terme employé lorsqu’il est venu s’établir en Suisse. C’est dire si le public français ne lui en a jamais vraiment tenu rigueur. Les Français sont sévères avec leurs entrepreneurs, leurs dirigeants d’entreprise, les fils de famille. Mais les stars, vous savez…  

Il faut dire surtout qu’Aznavour était un réfugié fiscal très assumé. Contrairement à Johnny Hallyday, qui n’a tenu que quelques années à Gstaad. Ou le très discret David Bowie à Lausanne… En fait, l’Arménien a même été un bon ambassadeur du forfait fiscal en France.

Il a eu plusieurs démêlés fiscaux dans sa longue vie. Il a parfois reconnu ses torts, mais n’a jamais compris l’acharnement dont il estimait être victime dans son pays. Il aimait surtout faire savoir publiquement qu’il payait de lourds impôts partout où il travaillait dans le monde. En France en particulier. Où il affirmait avoir payé des millions de francs et d’euros de taxes, de prélèvements divers. Il ne voyait donc aucun problème à n’être taxé en Suisse que sur modeste une estimation de ses dépenses.

François Schaller Ecographie

Radio Lac