Un dialogue neuronal efficace entre le circuit de la récompense et celui de la mémoire permet une bonne consolidation des souvenirs dans notre cerveau, rapportent des chercheurs genevois dans la revue Nature Communications. Cette découverte pourrait être appliquée à de nombreuses situations d’apprentissage.
« L’influence positive d’une récompense sur la mémoire est un phénomène connu », indique Sophie Schwartz, professeure au Département des neurosciences fondamentales de l’Université de Genève (UNIGE), qui a dirigé ces travaux.
« Notre expérience visait à faire un pas de plus dans la compréhension de ce mécanisme en nous penchant sur deux aspects importants: l’effet perdure-t-il dans le temps et l’accumulation de récompense a-t-elle une influence sur la formation des souvenirs? », ajoute la scientifique, citée mercredi dans un communiqué de l’UNIGE.
Afin de répondre à ces questions, les chercheurs ont développé une expérience faisant appel à l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle qui permet d’observer en temps réel le cerveau en action.
Une trentaine de sujets sains devaient se souvenir d’associations entre des objets et des personnes. Chaque bonne réponse était associée à des points gagnés et chaque mauvaise réponse à des points perdus. Les points étaient ensuite convertis en argent.
Vingt minutes plus tard, les sujets devaient à nouveau se souvenir des mêmes associations pour engranger des points supplémentaires. Par contre, la quantité de points accumulés à différents moments de l’expérience variait.
Dialogue entre les aires cérébrales
« Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, les meilleurs résultats n’étaient pas associés aux récompenses les plus fortes », explique Kristoffer Aberg, chercheur actuellement basé au Weizmann Institute of Science (Israël) et premier auteur de ces travaux. Le plus efficace s’est avéré être lorsque la récompense accumulée n’est ni trop grande ni trop petite.
« Notre cerveau a besoin de récompense pour se motiver mais aussi de défis », poursuit Sophie Schwartz. « Si la tâche est trop facile ou trop difficile, la motivation diminue rapidement et cela influe sur notre capacité à encoder les informations ».
Dans le cerveau, la mémoire est essentiellement gérée par l’hippocampe, une région cérébrale chargée du codage et du stockage des souvenirs. Cependant, lorsqu’une récompense est impliquée, une autre région s’active, l’aire tegmentale ventrale, impliquée dans le système de la récompense et responsable de la libération de dopamine.
« C’est le dialogue entre ces deux aires cérébrales qui permet de maintenir une motivation importante, d’améliorer l’apprentissage et de consolider les souvenirs, y compris dans la durée », conclut Kristoff Aberg.